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Une histoire pour deux

Parlons d’amour.

Souvent, on « cherche » l’amour. On « se bat » pour. On le « conquiert ». Mais en réalité, l’amour est toujours là – il suffit de lui faire de la place, le laisser entrer. Laisser entrer l’AUTRE en nous.

L’amour, c’est le lien.

Comment choisit- on notre partenaire ? Le 14 février on célèbrera le mémoire du sympathique Saint Valentin qui réunissait les amoureux romantiques et malheureux. Peut-être, pour certains valait-il mieux ne pas avoir cette intervention bienveillante ? Si. Toute rencontre, heureuse ou malheureuse, nous donne la possibilité d’embrasser un peu plus la réalité et notre vrai destin – il suffit de se laisser guider vers nos côtés sombres, avec un peu de courage… et l’acceptation.

La plupart du temps, on est poussé par notre instinct sexuel ou on fait un choix soi-disant conscient, en énumérant les qualités désirées : « je veux qu’il soit fort / doux / généreux / drôle… » (ou « douce / généreuse / drôle… » etc.). Nous recherchons chez l’autre des marques reconnaissables qui vont nous rappeler les personnes importantes sur notre parcours ou dans nos souvenirs refoulés. Salomon Sellam dans son livre « Le Sens Caché des Désordres Amoureux » les appelle « les traits lunaires ».

Au fait, on ne cherche pas véritablement l’autre, on cherche les personnes inaccessibles de notre histoire, mais surtout, nos sensations, nos ressentis avec elles.  

  • Je choisis un mari alcoolique pour « sauver » mon père (ce que ma mère n’a pas pu faire)
  • Je choisis un homme qui va me tromper et pourtant revenir, tel un enfant prodigue vers la mère-pénélope qui est toujours là,
  • Je choisis une femme qui va donner l’amour inconditionnel, prendre soin de moi voire m’éduquer (et ensuite, on va s’effriter sur les petites choses du quotidien et je perdrai l’intérêt sexuel pour elle, bien entendu, étant ma mère de substitution),
  • Je choisis des hommes qui vont toujours me quitter – je resterai loyale à ma grand-mère et autres femmes de ma lignée qui ont perdu leurs maris,
  • ….

On cherche notre père, le frère aîné, parfois un(e) ami(e)  de la famille. Mais, bien entendu, on tente surtout et en premier lieu à se reconnecter et à réparer l’expérience de nous bébés/enfants avec nos mères. Les sensations perdues à tout jamais – et ça, on ne peut pas les retrouver. On peut les imiter pendant un moment, mais une fois que notre attention est vraiment dirigée sur l’autre, le mouvement se lève, et la douleur arrive.

Cette douleur, c’est comme rentrer en contact avec la nébuleuse de notre expérience consciente et inconsciente depuis la naissance, mais aussi de toutes les blessures, des émotions refoulées et des vécus traumatiques de nos ancêtres, que l’on porte en nous au nom de la loyauté envers notre système. Une nébuleuse dont on détourne notre regard depuis toujours, car l’affronter, c’est trop dur, trop pénible voire dangereux. Et pour ne pas l’affronter, pour la contenir, on construit un mur, à l’intérieur de nous.

Nous pouvons supporter ce mouvement, ce contact un certain temps. Cette mise en mouvement nous donne cet état extatique du début d’une histoire, d’une relation, car l’énergie soulevée et son élan sont très puissants. Et surtout, c’est le mouvement vers la libération et donc vers la vie. En réalité, c’est pour ceci que l’on choisit l’autre et crée le lien, on l’invite de rentrer dans notre « espace » : il/elle va toucher l’intouchable, il/elle va regarder l’irregardable. Ce que l’on n’arrive pas à faire pour nous même.

Et puis, on arrive à notre limite du supportable, et on fait marche arrière – après quelques heures, parfois quelques jours ou mois, parfois après 20 ans et 3 enfants ensemble…

Ce n’est pas l’amour qui est malheureux. C’est nous qui sommes incapables de supporter la rencontre et tous les sentiments et émotions qui se lèvent, car ils sont bien plus grands et « multicouches » que ne l’est une simple trame de notre histoire de ce couple, ici et maintenant.

On choisit entre plusieurs stratégies. Soit on renforce le mur – cela mobilise une énergie considérable et, à terme, brise le lien. Soit on baisse l’alimentation énergétique de la relation pour entrer en « hibernation » reposante – cela aussi brisera le lien, à terme. Non, bien sûr, on peut physiquement rester ensemble ! Mais… vous avez compris.

Ou encore, la tension est tellement haute que l’on dévie une partie de l’énergie ailleurs, vers une tierce personne (on appelle ceci « trianguler »). On triangule, en prenant un amant ou une maitresse. Ou tout simplement en incluant notre enfant dans l’histoire de deux adultes en détresse.

Ce qui est intéressant, c’est qu’un couple passionnel qui vit d’un scandale à l’autre, comme dans un feuilleton, peut en réalité avoir un lien toujours très fort et vivace : ces protubérances conflictuelles sont provoquées par les expéditions, les raids réciproques sur le territoire de la nébuleuse de l’autre, toujours et encore… Puisqu’il y a cette douleur à répétition, cela nous confirme que le lien existe toujours, on est « connectés ».

Et parfois, on décide tout simplement de ne pas entrer en matière. De laisser cette nébuleuse tranquille là où elle est : on ne s’engage pas dans une relation profonde et exclusive, on change de partenaires, sans trop s’investir. Certes, on peut. Mais cela aboutira à un sentiment d’insatisfaction et de non-réalisation, à terme. Et les dynamiques cachées trouveront leur chemin vers la surface et « pèteront » autrement, avec une gravité ou une violence encore plus grande.

Je note toutefois, que d’autres raisons systémiques peuvent nous pousser vers un « célibat » ou des relations sans lendemain.

***

Donc, quand on travaille sur les relations de couple, en systémie en général et plus particulièrement dans le champ d’une constellation, on ne prendra jamais comme demande : « sauver notre couple ». Parce que l’on ne sait pas ce qui restera à la fin, une fois les partenaires libérés des dynamiques cachées qui les ont poussés à se choisir. Souvent, il ne restera rien – à faire ensemble l’un pour l’autre. Mais du coup, ils se laisseront partir tranquillement et avec gratitude, et pas dans une guerre sanguinaire, devant le juge avec des coups sans merci. (litiges sans fin.)

Mais peut-être que le miracle va se produire. Ce mouvement courageux et douloureux pour la vie libérera l’espace pour autre chose – pour MOI et L’AUTRE comme on est réellement, et tout entiers. Pas comme une fonction de l’équation individuelle d’autrui, un remède à ses maux, un esclave dans son champ, une marionnette dans sa pièce de théâtre.

Et cet espace deviendra commun pour créer un monde à deux.

 

Pour découvrir mes méthodes et sources.

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